Au secours ( Océany Milk )

La vie exige souvent des sacrifices. De faire des choix, parfois douloureux comme agréables. On regrette souvent, on pleure puis on oublie. On délaisse certaines choses pour d'autres, au péril du bonheur de notre entourage. On voit des proches mourir, des inconnus partir. Souffrance et errance se mêlent à l'ardeur et au bonheur. On est alors dérouté, ne sachant plus où donner de la tête. La vie, c'est un labyrinthe compliqué dont on ne sort pas vivant. Jamais. Comme un serpent venimeux qui n'attend que de nous blesser avec des coups bas.Mais aussi une douce biche ne demandant que des caresses à une jeune fille innocente. Cette vie est constituée de trois grandes lois. Le Passé, le Présent et le Futur. Avenir incertain ... Personne ne sait ce qui se passera demain. C'est déroutant, inquiétant et angoissant. C'est pour ça qu'on dit « Carpe Diem », pour pouvoir savourer le présent avec le goût juteux de l'aventure infinie. Présent. Le moment actuel est toujours changeant. On vit dans le présent, et tomber dans les souvenirs est mauvais. La nostalgie apporte la mélancolie, la mélancolie la peine, la peine la douleur et la douleur le suicide. C'est si néfaste de vivre dans le passé. Pourtant, certains ressentent le besoin de penser à ce qui s'est produit il y a longtemps comme hier. J'en suis la preuve. Pourtant, je vis le présent sans me soucier du lendemain. Mais parfois, le temps me retient prisonnière de les chaînes et je ressens l'envie de méditer. On peut oublier le passé, mais on le garde toujours en soi, quoi qu'il arrive. Même à la mort, parait-il ...

Mon enfance. Déroutante et aveuglante à la fois. Tout commençait si bien ! J'avais des parents aimant, dominants hors pair, qui savaient mener les Rosaë avec élégante et sécurité. Des équidés formidables. Puis il est arrivé ; Lord. Cet étalon si ambitieux et vaniteux. J'ai dû grandir sous son joûgue, sous son règne atroce. Puis le symbole, si ... Etrange. Il était apparut sur mon poitrail. Et ce jour de grande colère, cette première transformation. Telle s'était emparée de moi la Malédiction. Incontrôlable, dévastatrice. Assassine. Mon énergie, qui se vidait si vite quand Ocëlyane faisait surface ... Atrocité, horriblité, abominabilité. Sensation de puissance, certes, mais surtout de vie qui défile face à nos yeux. Je n'aime pas penser à cette partie de mon Histoire, alors je secoue gentillement ma crinière poiur me faire revenir au présent. Je m'étais perdue dans mes songes, et ne m'étais pas vu trotter jusqu'à ce bois et ce ... Temple corinthien. Il est magnifique et je reste époustouflée devant ses ruines, ces jonchements de pierre. Ces vestiges me surprenaient. Belles colonnes grecques à moitié détruites par l'érosion, un toit orné de scultures finement taillée, plantes grimpantes saillant sur son architecture exeptionnelle ... Socle fissuré de toute part, végétation plus que présente. Merveille du temps mélant la pierre à la nature. Le roc à la botanique. Je m'approche, tendant l'encolure pour poser mes naseaux sur une colonne gigantesque entourée d'un rosier et de ronces. Si beau. J'entends alors des bruits de pas, et je me retourne brusquement, créant une estafilade sur mon chanfrein à cause des épines. Quelques goûtes de sang voltent dans l'air avant de disparaître. Ma petite entaille me pique mais je suis aux aguêts, surveillant les alentours. Je vois alors apparaître une jument lourde, pie, aux crins frisés, galoper vers ce temple. Regard soucieux, je me souviens que je ne suis pas sur mes terres et hument l'air. Jëhéran. Un Clan pas très sociable ... Mais je m'approche d'elle, lui adressant un simple bonjour, suivi de quelques mots sans intonation pariculière. « Bonjour. J'observais cette merveille de la nature. ». Ebrouement. Claquement de sabot sur la pierre. Signe de respect de ma part face à l'inconnue.