#Concours d'écriture N°1

Super idée
C'est pas le plus long qui gagne, hein ?

Allez, j'écris ça sur le moment, je m'inscris avec ce texte :


Mon cheval piaffait nerveusement. Autour de moi, les cris des hommes se mêlaient aux aboiements impatients des chiens. Au-dessus de ma tête, les faucons tournoyaient avec agilité et précision. « Doucement, Clown, on est presque rentré... » Les hommes riaient autour de moi. Ils blaguaient, ils étaient... détendus. Nous revenion de chasse, et j'étais une des seules cavalières féminines parmi l'attroupement de la vingtaine de chasseurs que nous formions. Oui, nous revenions de chasse. Mais mieux encore, nous revenions vainqueurs. En arrivant à l'orée du village, les femmes serraient leurs enfants dans leurs bras. Certaines poussaient des cris de joie, alors que d'autres pleuraient de soulagement. Combien d'hiver avions-nous vécu, sans rien à se mettre sous la dent ? Hivers terribles où les femmes étaient contraintes d'abandonner leurs enfants pour ne pas les voir mourrir de faim sous leurs yeux. Mais en voyant cinq hommes à pied, portant chacun la proie par un membre, et l'autre par le cou, comment auraient-elles pu ne pas voir que la chasse avait été bonne ? Que les Dieux avaient été avec nous, ce jour-là. Voulez-vous que je vous explique comment cette chasse magique s'était déroulée ? Alors, plus un bruit...

Nous étions en train de galoper. J'étais dans le groupe de tête, sur Clown, petit cheval pie, très doué à la chasse et au coursage de proie. Les foulées rythmaient notre course qui restait silencieuse : chacun était au aguêt, tâchant de savoir si cette année, certains mourraient de faim... ou pas. Les chiens courraient dans les sabots de nos montures, prenant garde à ne pas prendre un mauvais coup. La tension était palpable. Tous avaient connu quelqu'un qui avait péri de la famine. Même moi. Jeune fille de 17 ans à présent, j'avais perdu mes deux petites soeurs, incapables de survivre très longtemps sans nourriture. Quelle triste sort... Le cliquetis des haches, des lances et autres armes qui pendaient aux ceintures des chasseurs résonnaient, seul bruit qui osait troubler le silence de marbre. Quand soudain, Clown avait dressé les oreilles. J'aimais bien observer ses oreilles. Une brune, une blanche. Là, quelle que soit leur couleur, les deux s'étaient dressées. Je le sentais frémir. Alors, j'avais relâché les rênes. Et il avait bondit. Surpris, les autres chasseurs m'avaient alors lancé des regards furieux : j'étais une fille, je n'avais pas ma place dans cette activité. Mais ce qu'ils ne pouvaient nier, c'est que j'y était agile et douée, et que, de plus, j'aimais ça. Pourtant, certains me suivirent. Parce qu'ils savaient que je ne laissais pas Clown filait ainsi à travers branches et fourrés s'il n'y avait rien eu. Alors, un peu plus loin, j'aperçus un troupeau de cerf. Ils avaient tous levé la tête vers moi. Je décrocha ma hache à ma ceinture, tenant les rênes d'une main. Le mâle dominant m'observait, méfiant. Il était grand et imposant. Alors, quelques foulées après, il détala et tous commencèrent à s'enfuir. Mais les autres chasseurs étaient arrivés de l'autre côté. Les pauvres étaient piégés. Je me rapprochais de plus en plus du mâle. Il me lança un furieux coup de bois. Clown esquiva, sans trop s'éloigner. Ce qui me permit d'abattre ma hache...

« Oui, Clown, tu vas avoir ta ration ! » L'étalon, parqué dans un de ces parcs, coin d'herbe grasse délimité par une simple corde de nerf, n'arrêtait pas de hennir en me regardant. Allant chercher de l'avoine que les femmes avaient coupé l'été dernier, je lui en mis doucement devant lui, créant un petit tas. Je rentra dans la hutte que je partageais avec ma mère et mon frère, ressortant avec les poches pleines de carottes. J'étais soulagée. Personne, cet hiver, ne mourrait. Du moins, de la faim... Je m'approcha de mon petit pie, qui avait soudain toute l'attention vers moi, plus attiré par les carottes que l'avoine. J'enjamba le fil & me glissa jusqu'à lui. Je m'assis doucement à côté de lui, et il tourna sa grande tête vers moi, réclameur. A l'horizon, le ciel était pourpre. Le soleil se couchait. Demain serait un jour nouveau, mais pendant longtemps, on se souviendrait que c'était ce petit cheval pie qui nous avait tous sauvé. Je lui offrit les gourmandises, m'appuyant sur mon fidèle compagnon. « Après-tout, tu les as bien mérité, Clown. Aujourd'hui, c'est toi le héros... »